Pendant que l’ensemble de la population faisait face à une nouvelle réalité sécuritaire et sociopolitique préoccupante, les organisations humanitaires ont également été confrontées au changement rapide de contexte. Les récents coups d’État dans les pays voisins ont permis d’envisager diverses possibilités. Les ONG ont su qu’elles devaient être prêtes à réagir.
« En tant que point focal sécurité, j’ai été le premier à être alerté de la nouvelle que j’ai pu confirmer grâce aux alertes INSO », décrit le point focal sécurité d’une ONG internationale à Niamey.
« Notre situation était d’autant plus critique et préoccupante car nous étions à proximité du palais présidentiel, nous avons donc tenu à rassurer notre personnel dans un premier temps, puis nous avons immédiatement sollicité les recommandations du siège pour l’activation du plan d’urgence afin de sécuriser le personnel. »
L’équipe d’INSO, ayant déjà lancé une alerte à tous les partenaires, s’est rapidement attelée à comprendre ce que la situation pouvait signifier pour les ONG.
« Les premières demandes des directeurs pays d’ONG étaient principalement liées au contexte sécuritaire à Niamey », se souvient le directeur pays d’INSO pour le Niger. « Il y a également eu quelques demandes d’accompagnement et de mise en relation pour la coordination de l’évacuation des expatriés. »
Au cours des premières 24 heures, l’équipe a publié trois rapports de sécurité contenant des recommandations pour éviter les rassemblements populaires et les zones autour des lieux sensibles.
« Nous avons également reçu beaucoup d’appels de partenaires pour obtenir des conseils sur le comportement à adopter face aux événements ou des avis sur l’activation de leur plan d’urgence. Leur premier réflexe a été de contacter INSO, et nous étions bien sûr prêts à les aider », ajoute la Directrice adjointe d’INSO.
L’accent a été mis sur le coup d’État dans toutes les présentations, tandis que les discussions bilatérales et le partage d’informations pendant les réunions ont permis aux participants de disposer d’informations cruciales pour le recadrage de leurs opérations sur le terrain.
Dès le lendemain du coup d’état, l’équipe INSO a convoqué une table ronde d’urgence avec des partenaires axée sur le renforcement de la coordination et l’analyse du contexte sécuritaire. L’équipe a également veillé à ce que cette séance soit à la fois disponible en ligne et en présentiel, afin que le plus grand nombre possible de participants puisse y participer.
INSO a également participé aux réunions organisées par l’Organisation des Nations Unies (ONU) et, en étroite coordination avec le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), a pu coordonner les mouvements des ONG. Grâce à sa collaboration avec d’autres agences, l’équipe INSO a communiqué sur les axes favorables à l’accès et les nouvelles contraintes d’accès aux ONG partenaires, ainsi que sur les impacts négatifs résultant des restrictions de déplacement et d’approvisionnements divers.
Selon un responsable des risques d’une ONG internationale, la contribution d’INSO a été cruciale pour la communauté humanitaire pendant cette période:
« Personnellement, j’ai remarqué une plus grande participation et un plus grand enthousiasme des ONG lors des réunions de sécurité. Le coup d’État a nécessité l’aide d’experts dans ce genre de situation. Là où d’autres réunions régulières ont été suspendues, INSO a été pratiquement le seul partenaire qui assurait la continuité des activités et était prêt à partager des informations et à nous réunir. »
Dans les jours qui ont suivi, il est clairement apparu que les ONG n’étaient pas encore directement touchées. Mais malgré cela, les manifestations et l’insécurité, ainsi que les changements de position des forces de sécurité et de défense, ont fait courir de nouveaux risques au personnel des ONG.
« En tant qu’organisation locale, nous avons rencontré des problèmes de sécurité », explique un membre du personnel d’une ONG locale. « Certains de nos collègues vivaient à proximité des zones d’importantes manifestations, mais nous étions également préoccupés par le risque croissant de la criminalité. »
« L’un de nos collègues a été victime d’un cambriolage à cette époque. Nous avons contacté INSO, qui s’est empressé de nous écouter et rendre disponible une équipe pour assurer le suivi de l’incident, puis a partagé l’information pour inciter la communauté à être plus vigilante. »
Parallèlement à cet incident, cette organisation locale – et bien d’autres – ont dû adapter leur programmation à la suite du coup d’État. L’accès à certaines populations a été restreint par les autorités, en particulier dans les zones d’opérations militaires, ce qui a forcé les ONG à identifier de nouveaux lieux d’activités. Et comme l’explique le point focal pour la sécurité, il a été difficile non seulement de se procurer des produits alimentaires à distribuer, mais aussi de gérer les attentes de la population à la lumière de ces restrictions.
J’ai remarqué une plus grande participation et un plus grand enthousiasme des ONG lors des réunions de sécurité… INSO a été pratiquement le seul partenaire qui assurait la continuité des activités et était prêt à partager des informations et à nous réunir.
« Il y avait un risque d’acceptation et de collaboration avec les populations bénéficiaires qui, à juste titre, ne savaient pas toujours pourquoi l’approvisionnement et la livraison de l’aide étaient retardés. L’incertitude quant à la durée et aux conditions d’issue de cette situation a amplifié ce phénomène, ce qui nécessite de nouvelles négociations avec les autorités. »
En réponse à ces défis, de nombreuses ONG ont mis en place une cellule de suivi pour se tenir à jour par rapport à la situation. Ces unités s’appuient sur les informations et les rapports d’INSO, que le membre du personnel de l’ONG locale qualifie d’essentiels.
« Le partenariat avec INSO est très précieux car il nous a permis en interne de mieux gérer la sécurité et les recommandations nous permettent d’adopter les bons comportements pour éviter de nous exposer à des risques. »
Si la voie diplomatique semble progressivement émerger comme une issue à la crise, la Directrice Adjointe d’INSO affirme que le contexte politique et sécuritaire reste incertain au Niger :
« En termes d’accès humanitaire, nous constatons déjà les impacts des sanctions de la CEDEAO [Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest] et les fermetures de frontières qui mettent à rude épreuve les efforts humanitaires, mais il est difficile de deviner comment la dynamique sécuritaire va évoluer. Il est possible que cette nouvelle situation conduise à une recrudescence des affrontements entre les forces de sécurité et les groupes armés, ce qui, à son tour, augmenterait les restrictions d’accès sur le terrain.
Pour mieux répondre aux priorités actuelles et futures en matière d’accès humanitaire, les semaines et mois à venir nécessiteront une surveillance accrue sur le terrain.
Dans ce contexte incertain, INSO poursuit son soutien à l’endroit de ses partenaires en maintenant l’ensemble des services, avec un suivi particulier des nouvelles contraintes d’accès. Nous collaborons également avec les nouvelles autorités et divers acteurs, notamment dans le cadre de forums de coordination humanitaire, en travaillant avec nos partenaires pour résoudre les problèmes critiques et veiller à ce que l’aide puisse continuer à atteindre les personnes dans le besoin au Niger.
Pour des raisons de confidentialité, certaines personnes ont été rendues anonymes. Le travail d’INSO au Niger est soutenu par le Bureau d’assistance humanitaire (BHA) de l’USAID, la Commission européenne, le ministère luxembourgeois des Affaires étrangères, le Foreign, Commonwealth & ; Development Office du Royaume-Uni. L’Agence suédoise de coopération internationale au développement (Sida) et la Direction suisse du développement et de la coopération.