International NGO Safety Organisation
The backs of two participants during a HEIST session in Mali

“Encourager la participation des femmes”

Un groupe de 16 femmes humanitaires a récemment pris part à une formation HEIST au Mali, renforçant ainsi le nombre de femmes formées sur les bonnes pratique sécuritaires à adopter pour délivrer l'aide humanitaire dans le pays.

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Au début du mois de juin, notre équipe de formation au Mali a organisé pour la première fois une formation HEIST (Sécurité individuelle en milieu hostile) avec un groupe exclusivement féminin. La participation exclusive de femmes a permis d’augmenter le nombre de travailleuses humanitaires formées à la sécurité individuelle au Mali.

 

Cette formation unique, non prévue initialement, est le fruit d’une opportunité. Lorsque l’équipe de formation du Mali a remarqué qu’il y avait un nombre inhabituellement élevé de femmes sur la liste d’inscription à la session HEIST de juin, elle a eu une idée.

 

“Nous avons remarqué qu’il y avait déjà 12 femmes inscrites à la session HEIST de juin”, explique Mickaël Bazin, responsable de la formation. “L’équipe a vu une opportunité. Nous avons encouragé nos partenaires à proposer leur personnel féminin afin de pouvoir compléter les effectifs et atteindre un groupe complet de 16 personnes.”

 

Un groupe de la formation HEIST entièrement féminine discute pendant un module.

Un groupe de la formation HEIST entièrement féminine discute pendant un module.

Les inscriptions se sont rapidement remplies et les préparatifs pour la formation intensive de quatre jours ont commencé. Quelques semaines plus tard, 16 travailleuses humanitaires sont arrivées à Banankoro – une petite ville à l’extérieur de Bamako – prêtes à acquérir des outils supplémentaires pour faire face à leur travail dans un environnement difficile.

Le travail humanitaire a besoin des femmes

Les femmes sont aux avants postes du travail humanitaire, puisqu’elles représentent environ 40 % des personnels humanitaires. Partout dans le monde, les femmes sont également touchées par les catastrophes et les conflits, tout en jouant un rôle crucial dans la délivrance des secours et des services de santé vitaux. INSO estime que les travailleuses humanitaires doivent avoir le même accès à la formation en matière de sécurité que leurs homologues masculins.

 

“Ce sont les femmes qui interviennent sur le terrain, qui interviennent auprès des femmes bénéficiaires et qui facilitent également l’accès au sein des communautés”, explique Lalaissa Abdoulaye Maiga, conseillère en genre et protection pour OXFAM. Il est important pour des personnes comme elles d’être bien préparées à travailler dans des zones à haut risque.

HEIST participant Lalaissa explains her situation to a fake captor, during a checkpoint scenario training.

Lalaissa avec un acteur jouant le rôle de son ravisseur lors d’une simulation de checkpoint.

Les femmes participent de plus en plus à l’acheminement de l’aide humanitaire. 

Au Mali en particulier, certaines zones où les besoins humanitaires augmentent sont de plus en plus difficiles à atteindre. Les femmes jouent un rôle essentiel dans la négociation de l’accès et l’engagement avec les communautés locales.

 

“Nous constatons, dans les régions centrales en particulier, que les groupes armés demandent aux travailleuses humanitaires de prendre en charge les activités qui s’adressent aux femmes. Les femmes sont de plus en plus impliquées dans la délivrance de l’aide humanitaire”, explique Mickaël.

 

Mais si les femmes jouent un rôle clé dans la délivrance de l’aide, dans certains pays, elles peuvent aussi devenir une cible en raison de leur sexe. Bien que ces incidents ciblés ne puissent être entièrement évités, le fait d’être préparé et de savoir quoi faire peut faire une différence significative. Comme le dit Bernadette Doyon, coordinatrice de l’Association de soutien au développement des activités de population (ASDAP), la formation l’a aidée à comprendre non seulement ce qu’il faut faire, mais aussi comment se comporter, si elle devait faire face à une menace, tant au travail qu’en dehors des heures de travail.

 

“Un climat de confiance”

Grâce à son format intensif et sur plusieurs jours, la formation HEIST est toujours très engageante. Mais ce qui a été unique dans cette expérience, s’accordent à dire les participantes, ce sont les conversations dynamiques, ainsi que l’opportunité de discuter de sujets d’un point de vue féminin et d’assumer des rôles de leadership.

 

Le contenu du HEIST est basé sur un format standardisé, tout en incluant des éléments localisés tels que des éléments sur les acteurs opérant dans le pays et les incidents qui affectent le plus communément les ONG. Mais des participantes comme Camille Chatenier, déléguée de la Croix-Rouge néerlandaise, ont senti la différence qu’a entrainé un groupe exclusivement féminin.

 

Bernadette, L'Association de Soutien au Développement des Activités de Population (ASDAP) Coordinator, s'entraîne à éteindre un feu

Bernadette s’entraîne à éteindre un feu

 

“Je ne pensais pas que cela ferait une différence”, partage Camille, “mais en général, nous nous sommes senties extrêmement à l’aise pour participer et partager. Le fait que nous soyons toutes des femmes nous a mis à l’aise plus rapidement, et pendant les sessions de travail en équipe, nous étions toutes engagées à cent pour cent.”

 

Lalaissa, qui a elle-même organisé des formations, convient que la dynamique était différente. “Il y a un climat de confiance, les femmes se sont senties libres de se parler, en sachant que nous ne serons pas jugées par nos collègues.”

 

Les participantes ayant des besoins spécifiques ont également partagé que la formation leur a donné le sentiment se sentir incluses et actives. Avant de participer, Korotimi Berthe, responsable de la logistique pour STROMME, avait supposé qu’elle ne serait pas en mesure de prendre part à une formation aussi intense tout en allaitant.

 

“Je croyais que ce n’était pas possible”, explique Korotimi, “mais ça l’était ! J’ai pu m’arranger avec les animateurs et tout s’est très bien passé. C’était vraiment encourageant pour moi de pouvoir participer pleinement. Rien ne s’oppose à ce qu’une femme participe à cette formation.”

HEIST participants in Mali take cover behind a car door during a fake checkpoint scenario

Les participantes s’abritent derrière une portière de voiture lors d’une simulation de faux checkpoint.

Aider tous les travailleurs humanitaires à rester en sécurité

Veiller à ce que les femmes aient un accès égal aux services INSO est un objectif clé pour nos équipes de formation, et nous reconnaissons qu’il y a encore du travail à faire. En 2021, environ 18% des participants aux formations INSO étaient des femmes, soit une augmentation par rapport aux 12% de 2020. Nous encourageons vivement nos partenaires à faire suivre des formations INSO à l’ensemble de leur personnel, hommes et femmes confondus. Car nous savons qu’être préparé peut faire toute la différence.

 

Comme le dit Mickaël : “Les humanitaires hommes et femmes sont exposés aux risques, ils doivent être formés de la même manière.”

 

Le travail d’INSO, qui soutient 182 agences humanitaires au Mali, est financé par l’Union européenne (ECHO), la Direction du Développement et de la Coopération suisse (SDC), le ministère des Affaires étrangères, du Commonwealth et du Développement du Royaume-Uni (UKAid) et le Bureau Assistance Humanitaire de l’USAID.